Alain DELON
Disparu ce mois d'août 2024, Alain Delon a eu une immense carrière d'acteur. La Boite Numérique du Calvados en proposant une vingtaine de titres de films en libre accès pour ceux et celles qui adhèrent à une de nos médiathèques renoue avec une connexion jamais perdue, celle d'une des légendes du 7ème art. .
Petit retour sur la filmographie d'Alain Delon, au travers des longs-métrages proposés.:
Pas l’un des derniers, ni même le dernier "Monstre Sacré" du cinéma, comme aime à le proclamer certains(es), chaque génération voyant éclore des acteurs(trices) au talent hors normes. Il y a fort à parier que quelqu’un comme Pierre Niney lui succèdera.. Au moins espère-t-on qu'il sera l’un de ceux qui dans 50 ans sera encensé comme le dernier monstre sacré du cinéma français, et de souligner que le triomphe critique et commercial du « Comte de Monte-Cristo » nous le démontre; Mais, là encore, ce sera tout aussi faux que de le dire d’Alain Delon aujourd’hui.
Aussi indéniablement glorieuse que fut la carrière d'Alain Delon, ce fut tout autant grâce à des metteurs en scène de stature internationale qu’il dut son ascension qu'à son jeu d'acteur. Pas de réalisatrice femme; est-ce si étonnant ? Ces réalisateurs se nommaient René Clément, Luchino Visconti, Jean-Luc Godard, Valerio Zurlini, Jean-Pierre Melville, Michelangelo Antonioni, Alain Cavalier, Volker Schlöndorff, Pierre Granier-Deferre, Bertrand Blier ou encore Jacques Deray. Excusez du peu ! Ceux qu'il admirait le plus (Melville, Visconti, Clément) disparurent au milieu des années soixante-dix, moment où il choisit de s'écrire des rôles, de réaliser des films.
Presque vingt ans au sommet de sa popularité puis des choix bien moins marquants de réalisateurs d'envergure, de rôles emblématiques et surtout d'envie qu'il n'avait plus guère. L'on se rend bien compte au travers de ces films combien sa présence, son jeu très contemporain s’imposent encore de nos jours : en une vingtaine de films ou reportages en accès gratuit pour toute personne adhérente à nos médiathèques, je le répète. Et dire que l'on n’en a pas fait le tour n'empêche surtout pas de découvrir pour les plus jeunes, de redécouvrir pour les autres L'Insoumis, Le Guépard, Le samouraï, des titres qui correspondaient fort bien à sa personnalité. .
C'est donc à la fin des années cinquante qu'Alain Delon se fait remarquer dans des rôles de jeunes premiers, mais c'est très vite par le contrepied de cette image qu'il choisit de déconstruire. S'imposant au sens propre comme au sens figuré dans le film de René Clément "Plein soleil", adaptation du roman de Patricia Highsmith, qui ne manquera pas l'occasion pour affirmer que ce film était alors la plus belle adaptation d'un de ses romans.
Et puisque l'on a par le fait l'occasion d'en revoir certains, quelques mots sur les plus emblématiques d'entre eux :
- "Plein soleil" (1960) de René CLEMENT.
- "L’éclipse" (1962) de Michelangelo ANTONIONI. Prix spécial du jury à Cannes pour le grand réalisateur. Sur son thème de prédilection l'incommunicabilité, pour un duo hors-pair formé avec l'inoubliable Monica VittI.
- "Le guépard" (1963) de Luchino VISCONTI. Face à Burt Lancaster et Claudia Cardinale : Delon en Tancrède. Le crépuscule du Guépard sur une musique de Nino Rota. Tout est dit. Palme d'Or Cannes 1963.
- "Mélodie en sous-sol" (1963) d’Henri VERNEUIL. Golden Globe du Meilleur Film étranger. La première rencontre d'avec Jean Gabin sur une mémorable musique jazzy du regretté lexovien Michel Magne.
- "Les félins" de René CLEMENT; Sur des dialogues de Pascal Jardin, et une musique de Lalo Shiffrin (Compositeur de Mission : impossible), un huis-clos labyrinthique, d'une ambiguïté fascinante.
- "Le cercle rouge" (1970) de Jean-Pierre MELVILLE. André Bourvil, Yves Montand, Gian-Maria Volonte dans un film très sombre, très austère, avec peu de dialogues, oui mais chef-d'œuvre du 7ème art. .
- "Le professeur" (1972) de Valerio ZURLINI; Un des plus grands rôles de Delon. Un grand film d'un grand réalisateur, peu connu, à tort.
- "Deux hommes dans la ville" (1973) de José GIOVANNI; Un film de relations affectives entre hommes où il retrouve Gabin et de revoir toujours avec plaisir l'immense Michel Bouquet dans un de ses trop nombreux rôles antipathiques où il excellait.
- "Flic story" (1975) de Jacques DERAY. Superbe réalisation de Deray (voir aussi "La piscine" autre film incontournable) du binôme Delon producteur, Deray réalisateur. . .
- "Monsieur Klein" (1976) de Joseph LOSEY.. Tout comme pour le film de Giovanni, un film engagé qu'il voulait à tout prix produire. Son plus grand revers commercial et le fait qu'il fut injustement oublié à Cannes affecta beaucoup l'homme, car le traitement du film, les thèmes : la déportation, l'identité juive, tout est dans ce film d'une très grande hauteur de vue.
- "Mort d’un pourri" (1977) de Georges LAUTNER. Une de ses 2 nominations aux César, consécration qu'il obtint en 1984 pour "Notre histoire" de Bertrand Blier.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter de bonnes séances de visionnage !